Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 3 janvier 2022

LA MÉTAPHORE VIRALE

     Irritation à la lecture de la préface de James Lindsay pour Counter Wokecraft, le manuel pratique de combat de Charles Pincourt (pseudonyme qui en dit long sur la perception paranoïaque). La double crase : 1. « Woke ideology » (p. viii) - que j’ai pu moi-même utilisée – mais qui résiste à plusieurs titres : est-elle seulement consistente ? existe-t-elle ? Cela suppose plus rigoureusement de distinguer entre « Woke » au sens afro et dans l’acception militante de terrain – et le « Wokism » et la « Wokeness » qui ressortissent à une théologie populaire du réveil – point historique et philologique qui n’est pas établi ; 2. « to prevent further infection » (p. ix). Bien entendu, la métaphore est surmotivée par un auteur qui appartient au champ des sciences ; mais elle est typique des regards déshistoricisés – en plus d’inscrire l’université, les savoirs, les enseignements dans une optique organiciste (corps malade, corps blessé, etc.) Surtout, quelle différence dans ce cas avec les vitupérations droitières dans le genre de Mathieu Bock-Côté – qui assume au moins explicitement ce genre d’analogie (voir La révolution racialiste et autres virus idéologiques) ?