Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 3 janvier 2022

ÉCHANGE

      L’autre morceau de ce problème, qui tient aux savoirs, aux libertés de chercher, de penser, de dire, est résumé par le physicien et épistémologue Étienne Klein (Le Goût du vrai, Tracts-Gallimard, 2020) : « Lorsque l’idée même de vérité est ainsi abrogée, c’est la notion de monde commun qui se trouve elle-même néantisée : l’échange devient impossible, qu’il s’agisse d’idées, de jugements, de sentiments ou d’émotions. » (p. 24). Ce monde commun ne peut se penser, à l’image de la vérité elle-même, qu’à travers l’historicité des discours (ce dont tient lieu le terme « échange » ici) – ce qui n’en fait pas pour autant un perspectivisme, encore moins un relativisme.