Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 17 mai 2019

UNE PROPOSITION LITTÉRAIRE

Dans 6 8100 000 litres d’eau par seconde, s’impose donc le regard d’un historien du changement. « Il va de soi que le spectacle a bien changé. » représente une proposition littéraire. L’emploi du passé composé comme temps du discours en est le signal qui mesure au présent de l’énonciation les suites ou les conséquences de l’histoire. Il s’entend d’abord que le spectacle a bien changé depuis que Chateaubriand en a rendu compte en 1797 et en 1801. Ce serait une raison suffisante pour obliger Butor à confronter sa manière à celle de son modèle, les dix variations autour de la description n’ayant peut-être pas d’autre motif comme le suggère Calle-Gruber que de « passer au crible, jusqu’à l’usure de ses articulations et sa dissémination, le grand phrasé romantique » (Butor et l’Amérique, p. 243), et de mettre l’écrivain en position d’inventer le sien.