Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 17 mai 2019

MYTHE LITTÉRAIRE

L’écrivain porte sur les pèlerins, à la façon du guide, un regard « goguenard » (6 810 000, p. 80). Mais il est aussi aux prises avec le mythe social mais également le mythe littéraire de Niagara, pas certain qu’il parvienne à s’en distinguer complètement. Il n’échappe peut-être pas à la condition moderne de touriste et surtout, par les liens qui l’unissent à Chateaubriand, il s’apparente à son tour à un pèlerin. L’écart s’accuse néanmoins en ce qu’il ne s’agit plus dorénavant de contrôler les faits, en comparant la description romantique des chutes au site lui-même pour la confirmer ou l’infirmer. La productivité même du mythe, sous sa double forme littéraire et culturelle, dénonce la croyance qui gouvernerait un tel geste, je pense : celle qui tendrait à penser que le sujet a le pouvoir de se tenir en dehors même du discours et des représentations qui découpent et signifient le réel, déterminant à terme son expérience, l’expérience du nouveau ou de l’inconnu en particulier. La dynamique chorale du texte explicite sans cesse cette question, elle la porte à un niveau d’objectivité de la lecture, ou plus rigoureusement à ce « point de clarté et d’évidence maximum » évoqué plus bas. Ce point permet de constater les différences entre la description romantique et la sienne et, par conséquent, de les travailler en travaillant par ce biais à se singulariser.