Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 17 mai 2019

EXPLOIT

Cet itinéraire balisé, sans risque ni aventure, est le contraire même de l’épopée. Il appartiendrait plutôt au registre héroï-comique dont le parangon serait l’exploit (de nature sportive ou non), celui qui séduit et défie certes les puissances de la nature mais termine dans les guides des records : l’histoire du funambule Jean-François Gravelet, dit Blondin, ou plus absurdement tragique celle d’Anna Edson Taylor, de son chat et de son tonneau. Ainsi, les pèlerins ont tout loisir de s’émerveiller sans vraiment pénétrer le génie du lieu. Sur l’eau, circulant entre les boutiques, contemplant les illuminations de Noël, ils ne vérifient pas Niagara mais l’idée qu’ils s’en faisaient au préalable, non les singularités de la nature elle-même mais le discours qui en a construit la sublimité. Ils attestent le connu.