Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 11 mai 2019

DISCONTINU

Fixé sur ce que j’appelle l’épopée de la goutte d’eau chez Butor au fil de ses « études » américaines, relecture de Barthes, « Littérature et discontinu » (il y a un demi-siècle donc) qui a bien perçu le rôle et même la majoration stratégique du détail. Il le place à la source du discours « brisé » ou « énumératif » de Mobile et l’exhausse « au rang de structure » – bien entendu (Essais critiquesŒuvres complètes, t. II, 437 et 433). Le détail est mesuré à l’aune de la tradition rhétorique, en rupture avec les valeurs du lié qui progresse plutôt par plans hiérarchiques, articulés et développés. Barthes reconnaît dans la distribution mouvante et la répétition « d’éléments clos » (ibid., p. 436) une littérature du discontinu, un art à variété « purement combinatoire » (p. 437). Cette vision trouve appui sur le modèle du signe et du mot alors que Butor conçoit le livre en raisonnant plus volontiers à partir de la double unité de la phrase et de la page.