Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 24 août 2017

LA RUSE DU SUBTIL


Dans l’ennui hebdomadaire de ma revue de presse, je relève ceci – rapporté par Le Monde – déclaration piquante de l’actuel président de la République française en déplacement en Roumanie : « La France n’est pas un pays réformable, c’est un pays qui déteste les réformes, il faut lui proposer de se transformer en profondeur pour lui redonner un vrai leadership européen ». Combien de fois a-t-on entendu ce refrain ? Je dois être né en même temps que lui. S’il est un mot propre à la langue de bois des hommes politiques, un mot-caméléon, porteur de toutes les valeurs, motivant une diversité d’intentions, de manœuvres, de stratégies au gré des points de vue et des intérêts, c’est bien le signifiant « réforme ». Et de même qu’il s’oppose à « révolution », il se charge d’une critique idéologique des conservatismes. D'autres y voyaient ou continuent d'y voir un marqueur de progrès. Enfin, on rêve d’une histoire sémantique et discursive de la réforme, passée déjà de l’acception religieuse aux champs moral, juridique, financier, une lecture des emplois spécialement politiques des trente dernières années tant le « concept » qu’ils recouvrent paraît inséparable de l’idiome néo-libéral. Pas de mot plus moyen, plus « centriste », plus galvaudé aussi, élimé, usé, insignifiant à force d’être sursignifiant. Au XIXe siècle, deux philosophes se proposaient contre ceux qui se contentaient de l’interpréter de transformer le monde ; cette fois-ci, on appelle à le transformer faute de pouvoir le réformer…