Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 13 août 2017

EUROPE


Aussi dans les pages finales, et la poursuite d’une démocratie socialiste qui n’existe pas encore, les « chances de la littérature » sont immédiatement liées à « l’avènement d’une Europe socialiste », dans laquelle chaque pays serait « dessaisi d’une partie de sa souveraineté au profit de l’ensemble » (p. 315). Cette Europe posée comme alternative aux deux blocs USA / URSS s’énonce d’abord à revers de l’expérience récente de la guerre. Elle n’est pas sans rappeler l’utopie des États-Unis d’Europe chez Hugo, modèle soigné chez Sartre, seul écrivain populaire du XIXe siècle. Elle s’énonce non seulement dans le temps du recul, face aux superpuissances certes, mais en regard des décolonisations que l’auteur mentionne de manière très fragmentaire. Il reste que dans cet eurocentrisme historiquement situé l’idée d’Europe s’attache avant tout à la libre « circulation des idées » (id.) sur le continent.