Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 14 août 2017

CONTRE-CULTURE ET CIE


Dans ce domaine, inutile de dire que je ne suis guère sensible à l’appropriation années 60-70 de Kerouac, les phénomènes dits de « contre-culture » américaine, toute l’archive mythographique, les effets de culte et de sacralisation, comme il en existe sous des formes et à des époques variées pour tant d’autres auteurs (côté français : le légendaire qui va de Rimbaud à Koltès par exemple). Lisant plutôt Kerouac à un demi-siècle de distance, avec les défauts et les vertus d’un ignorant qui n’est évidemment pas « spécialiste » – le lis donc plutôt à la manière d’un « classique » donné, un corpus hyper-actif néanmoins, étant par ce geste très conscient de le couper pour partie d’une histoire que l’œuvre a provoquée, mais qui ne se confond pas avec elle, lui résiste même. Sans perdre de vue non plus ce que photos, entretiens radiophoniques et télévisuels – pris dans ce flux – engagent aussi de l’ethos de l’écrivain. De le traverser avec les questions dont je viens, tel est l’objectif. Au demeurant, dans l’extrait accordé à Radio-Canada (1967), outre l’ironique réplique sur les dérivés – Beatnik, Sputnik, Peacenik… – comme les étiquettes énumérées « Action Generation », « Love Generation », « LSD Generation », et malgré le regard ouvert sur le présent, et la jeunesse, l’élément capital, me semble-t-il, c’est quand même la réserve éthique, ce qu’elle porte et comporte de lucidité, face à soi-même d’abord : « - RC : Si vous aviez vingt ans aujourd’hui, est-ce que vous feriez la même chose que vous avez faite… – JK : Ben, je l’ai déjà faite, ch’uis tanné ». Garde-fou.