Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 21 mars 2021

L'UTOPIE SÉCURITAIRE

    Dans les academic policies actuelles, et je lis côté britannique un dossier de Sue Hubble / Joe Lewis, Freedom of Speech in Universities – Is there a Problem? (House of Commons Library, n. 9143, March 2021) – une section de nouveau consacrée aux « Safe Spaces ». Il y a là bien sûr une utopie – dont les ressorts sont peut-être moins collectifs qu’individualistes, au mieux groupaux. Cette revendication en contexte académique se règle de nouveau sur une confusion entre la requête légitime des droits de la personne en n’importe quel contexte social – sécurité vis-à-vis de toute espèce de vexation, injure jusqu’aux harcèlements et agressions physiques – et une sécurité (strictement fantasmatique) dans l’ordre émotionnel, cognitif, intellectuel. Cette demande-là n’est pas recevable, elle entre en contradiction avec les institutions de recherche et d’enseignement, en menace même les missions et les objectifs. L’université suppose par définition qu’on y est exposé aux idées et aux discours, il n’est même de formation au sens strict qu’à cette condition-là. Les savoirs impliquent un décentrement de soi. IA me renvoie sur ce point à Greg Lukianoff et Jonathan Haidt, The Coddling of the American Mind (2018).