Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 21 mars 2021

IDÉOLOGIE OFFICIELLE

    On peut réaffirmer à tout va – et à qui veut bien l’entendre – que l’université a pour tâche non de mettre aux normes le monde mais de le penser, il n’en demeure pas moins vrai que ce sont les amalgames qui sont vendables et rentables, encouragés au plus haut niveau de l’État même. Il est ainsi possible, avec les meilleures intentions, de déposer comme à l’université Concordia une demande de subvention en science physique dans le but de « décoloniser la lumière » sous prétexte que les lois du domaine ont été posées et énoncées par des savants occidentaux (Descartes, Newton) : https://decolonizinglight.com/fr/accueil. Sur ce point, je renvoie bien sûr au pastiche de Gary Gissen : « Contribution to a decolonial history of the science of light: for inclusive and diversified knowledge in physics » sur le site de L’observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires (http://decolonialisme.fr/?p=1573). Dans ce projet de subvention de trois universitaires, on mélangera donc le recrutement d’étudiants issus des minorités, les représentations culturelles de la lumière, l’épistémologie historique et le postcolonialisme – des questions qui ne sont pas du tout sur le même plan. La recherche qui vous rapporte 163 000 $ versés par un organisme fédéral (dont ce sont de plus en plus les critères attendus), avec l’extrême-onction de votre établissement, ressemble à une vente de garage le dimanche matin. Cet effet de bric-et-de-broc est perceptible même à l’œil du profane. Ainsi, non seulement est-il possible mais plus encore légitime désormais de ne plus distinguer science et activisme, les thématiques de la justice sociale, dûment instrumentalisée, s’étant muées en idéologie officielle. Gageons pourtant que si l’on est parvenus à envoyer une sonde sur Mars, ce n’est peut-être pas tellement en décolonisant nos savoirs (à distinguer eux-mêmes des moyens techniques et économiques mis à la disposition des chercheurs, et variables selon les pays évidemment). C’est peut-être en poursuivant l’œuvre des prédécesseurs, quelle qu’en soit l’origine. Mais on comprend pourquoi, à la lumière (si j’ose…) de ce singulier exemple, exemple prototypique de la bêtise universitaire, certains administrateurs, gardiens autoproclamés du « sensible » et du « juste » flairent le bon filon et rivalisent de clientélisme, en faisant les yeux doux aux activistes au point qu’ils se mettent à parler tout à coup et de manière surprenante la même langue qu’eux. En bref : l’harmonie parfaite dans le meilleur des mondes possibles. Dans ces circonstances, on se demande dans quelle mesure l’affaire Verushka Lieutenant-Duval, d’où tout est parti au Canada en octobre dernier, n’était pas pour certains du pain béni…