En parcourant de nouveau
Tenir tête (Lux, 2015) de Gabriel Nadeau-Dubois, l’argument qui m’arrête
le plus est sans nul doute la mise en perspective locale / globale des
événements de 2012, doublée de la critique de l’idéologie managériale dans les
termes actuels du mondialisme. Les politiques et gouvernances néo-libérales y
sont accusées d’aboutir à une « dénationalisation des universités »,
projet dangereux pour « un pays inachevé, culturellement fragile », dommageable
pour « la culture et l’identité québécoises » (p. 74). Argument
dramatisé par le contre-modèle états-unien certes ; mais le récit se clôt de
façon insistante sur cet enjeu : l’histoire de cette étudiante d’origine
libanaise, dont la mère se sentant résolument étrangère à la vie politique du pays achève de se rallier à la
cause des carrés rouges. Nouvelle variante du Nous autres : « La jeune fille me regarde droit dans les
yeux, radieuse : “‘Nous, au Québec !’ J’avais jamais entendu ma mère dire
un truc comme ça… La grève l’a rendue québécoise.” » (p. 148). Au final, sans
que la question indéniablement récurrente soit articulée de manière méthodique aux
rapports université / universalité, opposés par ailleurs à la nouvelle économie
des savoirs.
