À force de lectures
croisées, je reprends quelques pages de Baudelaire. De Vernet à Pigal, ces
remarques consignées par l’auteur à propos des caricaturistes français : le
« style » de l’« époque » ; « ce n’est pas
seulement […] au point de vue historique que les caricatures de Carle Vernet
ont une grande valeur, elles ont aussi un prix artistique certain » ;
plus loin, observation déterminante sur la manière de Pigal, sorte de
« transition » entre Vernet et Charlet, puis cette proposition aussi
simple qu’efficace, qui tient l’essentiel, de la lecture externe à la lecture
interne : « le mot moderne s’applique à la manière et non au
temps » ; ce qui ne se comprend pas sans le cas de Daumier, plus
loin, dont la grandeur réside dans le couplage entre le « point de vue de
l’artiste » et le « point de vue moral » – éthique singulière –
éthique du singulier – voir bien entendu Salon de 1859 et faculté de l’Imagination. À propos encore des
caricaturistes étrangers : « ce je ne sais quoi qui distingue
toujours un artiste d’un autre ». Plus loin « esprit moderne » vs « temps modernes ».
Et l’hiatus entre les « caricaturistes historiques » et les « caricaturistes
artistiques », soit le « comique fugitif » et le « comique
éternel ». Cf. Le Peintre de la vie moderne, là encore. Baudelaire ou le concentré théorique.
Peu d’écrivains atteignent à ce genre de densité.
