Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 17 avril 2017

PRISE DE SON


Roland Barthes le relève quelque part à propos du comédien dans Le Plaisir du texte, je crois. Mais ce que j’aime décidément dans la version Dolan de Juste la fin du monde a trait à ce « grain de la voix » : la prise de son – la capture des éléments les plus infimes, qui emplissent le spectacle – respirations, déglutitions, bruits de bouche. Nécessairement amplifiées, passées au centre. Sensibles dans la sortie solitaire de Louis après l’orage familial, l’échange violent et passionnel à cinq, entre salle à manger et couloir d’entrée. Mais cette technique trame une part essentielle du film. Images-voix. Images-corps.