Dans le même registre négativement optimal, la Révolution française qui a contribué à la naissance de ce singulier pouvoir des hommes sur eux-mêmes se désigne comme « l’insurpassable révolution des fondements et des fins de la politique selon les Modernes » (RP, 7). Puisqu’elle s’est d’elle-même instituée en fixant ses propres idéaux, elle gagne en retour cette capacité d’agir dialectiquement sur elle-même de l’intérieur de cet horizon à la fois unique et inaugural. Sa conséquence majeure ne se situe pourtant pas à ce niveau. Si l’on pose qu’elle engage et les fondements et les fins, cela implique qu’elle ouvre plus radicalement un nouveau paradigme dans la pensée de l’humain-social. En instaurant la modernité, la démocratie se caractérise par ce que Gauchet appelle « la sortie de la religion » (D, XVII) qui jusqu’alors régissait le fonctionnement collectif et assurait la cohésion des communautés humaines. Elle détermine le passage à une « société de l’histoire » (XVI) enfin pleinement consciente d’elle-même qui au lieu de se définir face à la transcendance divine trouve de manière immanente à se produire. Autant dire que la révolution comme événement et la démocratie comme gouvernement se doublent d’un principe hautement métaphysique : en se substituant à la condition religieuse la condition historique renouvelle l’idée traditionnelle de condition humaine.
"L'écriture doit se ressentir de cette impatience, de cette obligation d'aller vite et en être un peu négligée" (Marguerite Duras, Outside, 1980)
Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.
Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.
D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.
Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.
Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.
Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.
Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.
lundi 6 mars 2017
ANTHROPOLOGIE POLITIQUE (II. LE DÉBAT OU LA MÉTAPHYSIQUE DU LIEN)
Dans le même registre négativement optimal, la Révolution française qui a contribué à la naissance de ce singulier pouvoir des hommes sur eux-mêmes se désigne comme « l’insurpassable révolution des fondements et des fins de la politique selon les Modernes » (RP, 7). Puisqu’elle s’est d’elle-même instituée en fixant ses propres idéaux, elle gagne en retour cette capacité d’agir dialectiquement sur elle-même de l’intérieur de cet horizon à la fois unique et inaugural. Sa conséquence majeure ne se situe pourtant pas à ce niveau. Si l’on pose qu’elle engage et les fondements et les fins, cela implique qu’elle ouvre plus radicalement un nouveau paradigme dans la pensée de l’humain-social. En instaurant la modernité, la démocratie se caractérise par ce que Gauchet appelle « la sortie de la religion » (D, XVII) qui jusqu’alors régissait le fonctionnement collectif et assurait la cohésion des communautés humaines. Elle détermine le passage à une « société de l’histoire » (XVI) enfin pleinement consciente d’elle-même qui au lieu de se définir face à la transcendance divine trouve de manière immanente à se produire. Autant dire que la révolution comme événement et la démocratie comme gouvernement se doublent d’un principe hautement métaphysique : en se substituant à la condition religieuse la condition historique renouvelle l’idée traditionnelle de condition humaine.