Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 28 janvier 2017

PLACE DES ABBESSES


À la terrasse d’une brasserie, place des Abbesses, une après-midi chaude, après avoir survécu au long escalier rembranesque, qui met presque au désespoir de ne plus jamais revoir la lumière. Devant nos bières, qui entament nos bourses d’étudiants, on s’improvise ethnographes de rue. Le voisin de table, à chemise très colorée et tape-à-l’œil, trouble la conversation savante : « C’est pour cela que j’ai choisi ce métier, que je me suis lancé dans le porno ! ». Avant de renverser sa coupe de champagne – lui ; contraint de devoir en commander une nouvelle : « Ça va commencer à faire cher ». Rires.