Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 22 janvier 2017

MANIÈRE ET FORMES – KEROUAC

    D'un Breton à l'autre. Décidément, les écrivains hybrides sont les plus riches en enjeux théoriques. Retour au Canuck qui, dans « L’ouvrage de ma vie » (1951), prétend écrire d’abord en français puis en anglais. C’est de cette tension et de cet ordre qu’est effectivement inséparable l’exigence à soi-même (avec le geste rythmique ouvert du quadratin, l’inaccompli, ce qui est à faire) : « J’ai un gros joi de vivre, je veux l’usé dans mes écritures, il faut que je la trouve cette manière— » (voir la tristesse de Michel Bretagne) ; la mise à découvert de l’identité : « “Sht’un poète” » et l’écueil des formes : prose ou aventure ; d’où : « Il faut que je’l cri ! —comme Whitman, pauvre maudit ! » (La Vie est d’hommage, édition J.-C. Cloutier, déjà citée, p. 268).