Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 16 janvier 2017

CUI-CUI


« We now have a tweet as a President-elect » écrit ironiquement un abonné du New York Times. Et la presse, les médias, toujours à l’affût, de gloser les commentaires nocturnes du drôle d’oiseau. Jeu de miroirs. Ce n’est pas l’union du paradigme communicationnel et de l’expression politique qui est pour surprendre, elle s’est banalisée depuis bien des années. Mais une autre illustration entre langage et pouvoir à la mode technologique. Dans cet amalgame entre réseau social et capitalisme numérique, l’emblème tiendrait plutôt au rôle soudain alloué à la brève, au babillage, au gazouillis (babble) voire à la rumeur, aux saillies du trait, à la réaction d’humeur, au laconisme populaire, à l’opinion brute, au règne de l’immédiateté et de la simultanéité – toute une contre-rhétorique de l’orateur qui confisque sa relation traditionnelle à l’analyse et au temps de l’analyse, déjà lourdement grevés. À sa manière, une pragmatique de la parole démocratique.