Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 18 août 2016

SINGULIER DÉBARCADÈRE


On l’accoste rarement en bout d’île, de cette île devenue métaphore pour deux millions d’hommes qui en ont étranglé les eaux environnantes, en levant talus, écluses et digues. À sa vue, on s'entête malgré tout à rêver une fin de terre. C’est mal le comprendre. S’il vous excepte d’abord des flux suffocants du traffic, le temps qu'il libère est compté. L’introspection ne dépassera guère les quinze ou trente minutes autorisées. C’est le peu auquel donne droit ce trottoir miraculeux. Au fond, il ne lui manquerait qu’une lettre pour changer la vie. On se convainc par là que l’employé anonyme, qui en sème avec avarice les panneaux en ville, est lui aussi secrètement amoureux de poésie, de ports et de voyages entre continents.