Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 8 août 2016

LA PETITE PHRASE DE DELEUZE


Elle est de celles qui obsèdent, et que j’ai peur d’oublier. Découverte au tournant des pages de Différence et répétition, pourtant illisibles à l’esprit simple que je suis resté. « Il se peut que, dans toute question, dans tout problème, comme dans leur transcendance par rapport aux réponses, dans leur insistance à travers les solutions, dans la manière dont ils maintiennent leur béance propre, il y ait forcément quelque chose de fou.* » Pas de pensée – vraie – sans cette folie – indéfinie – qui en est la condition. Celle qui manque à tant de livres. Celle qui permet de dire et de voir. Autrement.


* Gilles Deleuze, Différence et répétition, Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 141.