Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 12 août 2016

LES MÉLODIEUSES OBSTINÉES


Sous un ciel obèse de pluie, qui impose depuis le matin ses demi-clartés au jour, elles résistent, têtues, à la fraîcheur. Si elles sont à ce point intarissables, c’est qu’en prophétesses ironiques du temps, elles savent qu’elles auront toujours une longueur d’avance sur nous. Subtiles négociatrices, elles ont aussi passé contrat avec l’humain. D’ici par exemple, elles s’accordent avec le grincement besogneux des trains de marchandises qui roulent le long de la Pointe-Saint-Charles sur les voies rouillées de l’Ontario. Chacun respecte sa mesure et suit sa partition, tout en rivalisant dans l’art du contrepoint.