Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 16 août 2016

DÉTOUR


Il se signale brusquement à sa couleur vulgaire, tape-à-l’œil. À une picoseconde près, sa perception vous est fatale. Impossible de s’en revenir. Les navigateurs intelligents articulent d’absurdes contre-voies. Les cartes délavées ou mâchées se périment. Dans cette ville de peu d’histoire, paraît-il, obstinément attachée aux Éléments d’Euclide, le détour crée pourtant à grande peine la surprise. Moins insolite qu’atrocement familier, c’est le signe à venir sans avenir. Celui qui vous promène. Car un détour conduit inexorablement à un autre détour. Puis encore à un autre. En huit ou en boucle, on tourne toujours. Admirable pour son pittoresque local, l’accent aigu lui fait certes une toilette distinguée. Mais le temps s'étirant sans issue est le même qu'au Sud. En proie à une incompréhension panique, l'automobiliste est forcé de méditer sa condition d’aveugle. Il hésite fréquemment entre la 2 CV de Boris Vian et une farce noire de Raymond Devos.