Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 18 août 2016

ANTHROPOLOGIE DES CARAÏBES


 Ils disparaissent soudain en plein hiver, abandonnant les moins fortunés sous la neige. Cuba ou République dominicaine ? Au choix. Comme ceux qui descendent des Pays-Bas, de France, de Norvège ou d’Allemagne exhiber leurs pâles excroissances ou maigreurs sur les côtes africaines, de plus en plus interdites par l’abus des religions. Le motif banalement invoqué en est le gel aigu qui pétrifie des mois durant la province. Mais le dollar qui s’accomode de nombreux climats y donne d’emblée droit de visite.
Je raccorde cette migration rituelle au souvenir d’une publicité pour le compte d’une compagnie aérienne locale, riche de deux siècles d’enseignement ethnographique. Sous un décor solaire de nulle part, entre le bleu à s'éblouir d’une piscine et des bars colorés à palmiers, s’avance ce gigantesque Noir (venu d’où ? probablement des coulisses). Il s’apprête à masser dévotement la Blanche demi-nue qui l’attend, allongée, ouverte, dont le galbe appétissant ressemble à ceux que canonisent au quotidien les magazines de mode.