Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 15 août 2016

LE MARONITE DÉLIRANT


pour Alain F.

Celui-là tous lui prédisent la camisole. On ne sait vraiment d’où il sort. On le repère facilement à sa claudication pressée. Sa jambe traîne des rivages de Liban et des croix sur deux continents. Depuis l’enfance, il se déclare maronite. Je le crois, sans distance, fou de la vie. Au petit matin, il met chaque ligne sous perfusion. De ces hôpitaux de tiers-monde il se fait tout un peuple. On désirerait l’encarter qu’il rirait de ses libertés, comme du dernier bien défendu. Au regard court mais intense, il déchausse rarement ses bésicles. Elles ne lui donnent aucun âge. Elles lui servent à rêver ce qu’il voit. Les nombres nourrissent ses obsessions. Un chien crevé lui monte à la tête. À la page 85, il voudrait nier son existence. Enfin, observez par vous-même ; clown angoissé ou loufoque, il va bégayant sa ritournelle : « Tout m’arrive. »