Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 29 août 2016

LA PALPATION DU VENT


Le vent remue au matin les souvenirs : la saison désœuvrée et son lent déclin ; l’odeur sure des vignes, accablées de lumière, s’échelonnant par incalculables carrés ; les tons aussi tristement monocordes des pins, qui éclatent sans effort en sèves jaunes et gluantes ; l’inertie inhumaine du paysage. Cet imaginaire de l’enfance vient échouer ici, sur une terre accoutumée plutôt aux transitions brusques, précipitant en deux mois les neiges au point qu’elle se rend méconnaissable. À ces deux âges de la géographie il est un événement commun, les premières levées de fraîcheur qui donnent au corps la sensation rôdeuse presque du changement.