Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 8 septembre 2021

MUSÉE IMAGINAIRE

   Tirs croisés à gauche et à droite évidemment. Par exemple : Une odeur de cendres et de barbarie. Les analogies de l’histoire vont bon train, dans un registre non moins hyperbolique, que je trouve toutefois peu instructif. Peu de corrélations soulignées entre les déboulonnages, les pratiques de l’iconoclasme et celles de la censure à l’université, et pour finir la nouvelle didactique par les flammes, puisque les ouvrages brûlés servent au moins d’engrais. Il y a là pourtant une cohérence idéologique. Le plus stupéfiant est encore la réponse des leaders politiques, en pleines élections fédérales, qui condamnent de manière tiède et mitigée l’événement. En vérité, de telles réactions sont à peu près comparables à celles des dirigeants universitaires qui arbitrent les plaintes et les attaques au sein de leurs établissements. Jusqu’au droit de réserve émis par le premier ministre du Canada, dans ce débat fort gênant, alors que cela sort de ses rangs : n’étant pas « d’accord » avec le fait de brûler les livres, celui-ci considère qu’il n’a pas cependant à dire aux Auctochtones ce qu’ils devraient faire ou comment ils devraient se sentir – ce qui est pour le moins curieux comme déclaration de la part d’un dirigeant. Surtout, ce qui s’y entend de nouveau comme pour maints dossiers, c’est cette espèce de sacralisation de l’autre – Autochtone, Noirs, etc. – essentialisation dont les communautés visées seront les premières victimes. Cet autre célébré après avoir été jadis anéanti, massacré, asservi, méprisé, etc., constitue une nouvelle variante du musée imaginaire propre à l’homme occidental.