Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 23 décembre 2018

POURQUOI

La résonance involontairement tragique, ou prophétique, de la question anodine de la mère, le récit des dimanches : « est-ce qu’on peut savoir comment tout disparaît ? » (p. 228) Elle reconduit par court-circuit ou association dans la version Dolan à cette autre question, non plus comment mais pourquoi, qui met en défaut chacun des personnages de comprendre, au cours des duos qui se succéderont entre Louis et Suzanne, Louis et sa mère, Louis et Antoine : « pourquoi est-ce que t’es là ? ». Et chaque fois la question est répondue par le silence. Seule Catherine en est exceptée, et pour cause.