Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 28 décembre 2018

ALLÉES

L’étrange sentiment à écouter en soirée, presque indéfiniment, les Gnossiennes de Satie ; l’enveloppé brumeux et mélancolique, qui me reconduit par l’extrême détaché des notes, les reprises-variations, les écarts de la composition, de ses intensités, certaines brusqueries angoissantes par exemple ; qui me ramène ainsi, presque visuellement, à d’anciennes errances sur les allées du parc de Saint-Cloud, à cette période de vacance intérieure, de disponibilité stérile, d’assèchement, que je croyais mise en oubli. La saveur de ce retour à vingt ans de distance. Ce que veut dire rééentendre comme relire, être plus simplement sous leffet du temps.