Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 19 décembre 2018

FAIRE VIVRE

Mais « faire vivre la langue de Lagarce », c’est encore autre chose s’il convient de la mettre en écoute et de la mettre en images dans la logique d’un « autre media » que le théâtre. Lui donner corps des comédiens à la musique de Gabriel Yared, aux détails-objets comme aux dominantes chromatiques (le nuancier des bleus par exemple) bien sûr. Mais dès lors que « c’est ce qui est sous les mots entre les mots qui compte dans la pièce », le silence se pose comme défi au cinéma – et le silence n’est pas une absence, cela se donne à voir et à entendre – cela s’invente comme le reste, – avec tout le paradigme de situations et de valeurs qu’il enchaîne (aveux, non-dits, réserves, secrets, etc.). Le lieu du spectacle est ce qui noue de fait le dicible et le visible. Ce nœud n’est pas l’image même au sens elle serait trop simplement le double ou l’autre du langage, ce qu’il ne permet pas de communiquer, s’interdit de dire, ou est impuissant à exprimer  – ce que semblerait suggérer la crise chez Lagarce de « l’usage de la parole dans une époque où finalement il n’y a plus que nos regards et nos corps qui communiquent ».