Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 11 septembre 2016

OVER THE HEDGE


Taciturne et boiteux, il ébauche un salut approximatif en ma présence et s’enfouit de nouveau dans l’obscurité de sa hutte. C’est la petite gymnastique de l’aurore, la prochaine apparition se remarquera au crépuscule. Il faut croire néanmoins que l’excrément lui a cette fois descellé les lèvres. Car il en accuse aussitôt l’animal domestique qui me tient compagnie lorsque je rédige les pages de ce blog. Pour donner sa pleine gravité à la situation, il adopte un ton « fâché », selon l’expression en vigueur ici que je peine toujours à sortir de la classe des euphémismes. Recouvrant peu à peu ses esprits, il en vient par la suite aux preuves tangibles, ces couches grises, jaunes ou ocres que la bête a funestement accumulées à cet endroit précis, le même depuis des semaines, agissant à la manière d'un savant maniaque qui rangerait là ses ouvrages érudits et précieux. Je dois admettre que ça odore ferme sous l’entrée de la cabane. Mais s’il ne tient pas à s'improviser zooarchéologue, j’en conviens, à sa question je mesure aussi l’irrémédiable distance culturelle entre nous, la haie symbolique qui sépare de bons et courtois voisins : « Votre chat, au moins, l’avez-vous bien dressé ? »