Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 10 septembre 2016

POSTHUMÉMENT


Intrigué, il me demande si à ma mort j’accepterai enfin de retirer l’alliance que je garde sur moi même aux heures nocturnes. Je lui avoue que je n’ai guère planifié la cérémonie et ses préparatifs. Me voilà aussi contraint d’admettre que ce n’est plus si loin. Car l’événement de demain, chacun l’enveloppe toujours avec précaution d’incertitude, ce vague d'absence qui, de pensée en pensée, épargne sur le temps. Et tout compte fait, la question est pleine de rêverie. Car la bague vaut bien les masques, armes et parures qui accompagnaient les chefs minoens au fond de leurs tombeaux. Mais lui ne s’embarrasse pas de ces exactitudes d’historien. Il préfère suivre son rite, moins majestueux, en se proposant de soustraire en personne l’alliance quand le corps sera mûr (sans le blesser, précise-t-il), et de conserver la relique paternelle dans un pot de terre très ordinaire.