Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 21 septembre 2016

ÉCUREUILS


Expirant quelques puffs grasses et nonchalantes au son grésillant de mon calumet électrique, j’observe d’un œil goguenard la dispute matinale, répétitive et sans dénouement. Un voisin commente avec une clairvoyance exceptionnelle : « They’re having a fight ». À quoi il est répondu non moins philosophiquement : « They are, indeed ». La scène est familière pourtant. Cela ressemble aux apostrophes trop souvent aigres et passionnées de deux écureuils, l’un aplati sur la clôture, la queue dressée, réclamant férocement son dû, l’autre défendant hardiment sur sa branche territoire et nourriture, à coup de ricanements diaboliques.