Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 17 septembre 2016

L'ENVERS ET L'ENDROIT


L'ingéniosité de ce dépliant me renverse. Le tract est signé d'un député très fédéral, avec ce qu'il faut de dynamisme souriant pour annoncer les prochaines mesures budgétaires, l'usage enfin rationnel des moyens de l'État. L’oraison fait d’abord impression, mais exige un apprentissage lent et rigoureux, tant l'on peine à savoir par où commencer. La fin s’y trouve au début, et lorsqu’on en retourne de bas en haut les photos et les titres, prenant chaque argument à rebours, la langue a soudain changé. On n’en déchiffre plus la rhétorique. Comme ces dessins enfantins qui exercent, paraît-il, la sagacité et l’agilité de l’esprit, le jeu des différences y délivre le lecteur de son devoir d’information. En anglais, en français, on se divertirait à une traduction dont la pièce originale serait manquante. A-t-elle jamais existé ? Circulant d’une version à l’autre, on se demande quelle langue est l’envers, quelle autre fait l’endroit. Un peu las à la fin, l’œil oblique, égaré dans ces mots politiques, pour suivre le doigt seul, aux pliures de l’origami.