Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 5 septembre 2016

L'ONOMASTIQUE INSULAIRE


 À l’âge dit naïf, la traversée de l’île quartier après quartier comme s'appelle le héros découvreur dans l’histoire – Kirkland, Pointe Claire, Hochelaga, Anjou, Mile End, Rosemont, – c’est moins une conquête mentale de l’espace qui résiste abstraitement que l’exploration peu à peu maîtrisée des noms. Assis sur sa bicyclette et faisant face au fleuve, élargi soudain aux proportions d'un lac ou qui sait ? peut-être d'une mer courante et orientée, le garçon demande, se sentant mal rétribué en dépaysement : « Ça se peut-tu qu'il y a des gens qui parlent chinois ici ? »