Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 20 septembre 2016

LA BANDE SONORE DES LANGUES


Espagnol. Allemand. Anglais. Portugais. Etc. Larbaud et ses tziganes. Plus parlants que ceux d’Apollinaire. La dame créole. La bande sonore des langues n’est pas si simplement l’entour du poème. Et la question est prometteuse, on le sait, pour les œuvres à venir des XXe et XXIe siècles. Ni accompagnement ni fioritures. Ce qui pénètre, au contraire, la langue du texte, l’informe et la déforme jusqu’à ce que l'écrivain y trouve (au sens premier du terme) la singularité d’un phrasé. Cette tour de Babel est inséparable des « borborygmes » d’une poétique (comme de son rapport, plus évident, à la traduction, saint Jérôme) – à réentendre aujourd’hui. Solidaire des « intonations familières » d’un sujet « agi par les lois invincibles du rythme ». Car il le dit bien : « Il suffit de savoir mettre l’accent où il faut » (« Ma muse »).