Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 24 février 2023

LES CABOTINS DE LA JUSTICE

   Texte en vue sur les poses, prêches et autres génuflexions décoloniales. L’autre version de la wokeness, qui la resitue bien entendu dans sa sociologie élitaire et sa rhétorique para-religieuse. La caricature de Serge Chapleau, Justin Trudeau et le Pape (La Presse, 08.06.2021) : l’expressive pose tragique du cabotin et la politisation de l’excuse, qui est devenue un véritable ethos discursif de la vie publique (réplique au crime ou à loffense et à son corrélat : l’indignation vertueuse ; voir Phillip Roth ; il y a des degrés, bien entendu : l’excuse de l’État ; l’excuse de l’individu - voir les agresseurs de #MeToo. Etc). Cette posture est relayée par toute la cléricature de la vérité (médias, culture, universités), celles et ceux qui se sentent pénétrés par la lumière, et la diffusent très verticalement du haut de leur transcendance. Ce mouvement top down, on appelle cela « sensibiliser », l’un des maîtres mots de l’époque. Car il faut éduquer le peuple, qui tâtonne encore, hagard, inculte et désorienté, au milieu des ombres dans la caverne de Platon. À l’autre bout, la prédication de l’hégélienne reconnaissance et de l’alliance butlérienne. Un exemple aussi précis que caricatural en serait le document complémentaire du Musée McCord à l’occasion de son exposition « Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience » – rédigé comme il se doit en écriture inclusive : Aller à la rencontre et devenir un.e allié.e des nations autochtones. Le nouveau catéchisme en dix points. Comme il est dit : « vous guider dans votre démarche ».