Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 11 février 2023

BLUE

    Moonlight (2016) de Barry Jenkins. Essayer d’en parler. C'est intimidant. Probablement ce qui m’attache le plus est la qualité du silence, ce qui l’unit directement aux lumières et aux couleurs. « Niggas are blue under the moon ». La Miami pauvre et ségréguée. L’économie de la parole – dans laquelle se replie – signal culturel – le désir masculin. La scène baptismale des vagues : « At some point you gotta decide who you won't be. Can’t let nobody make that décision for you ». Etc. : coming-of-age et modèles de virilité bien sûr. Black masculinity et code Identity Politics. Situé. Cela ne fait pas loeuvre non plus. La partie Chiron adolescent est peut-être la plus attachante. La plus brutale aussi.