Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 5 janvier 2021

MODE (MULTIPLE)

      Pessoa. « Pour un “Cancioneiro” » (« Je laisse à l’aveugle… ») : « Ainsi je vais m’accommodant / De tout ce que Dieu a créé, / Dieu connaît un mode multiple, / Modes multiples moi je suis » (Œuvres poétiques, p. 714). Évidemment inséparable des configurations plurielles du sujet (dont les jeux hétéronymiques ne sont eux-mêmes que des variantes), c’est la notion de « mode » qui retient l’attention du lecteur ; point philologique à vérifier dans l’original portugais. Forme du texte source ou recherche de la traduction ? Travail de l’écho, travail de l’écoute s’il est vrai que « mode multiple » se trame dans le pronom personnel « moi » et la périphrase verbale « vais m’accommodant » par le réseau consonantique. À poursuivre.