Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 29 avril 2019

MÉDIOCRITÉ

À la rubrique des « faits divers universitaires », l’élection récente de William Marx à la chaire des Littératures comparées du Collège de France. On ne saurait être vraiment surpris de découvrir l’ordre institutionnel des choses. Mais on n’en saisit que mieux le déplorable contraste avec la génération de Barthes, Benveniste, Foucault ou Bourdieu qui, elle aussi parvenue en ce haut lieu, avait au moins ce mérite d’avoir inventé un savoir, des savoirs singuliers et nouveaux. Au lieu de quoi se trouve promue en guise de pensée une non-œuvre, nourrie de paradoxes « théoriques » ou esthétiques, de lieux communs qui voudraient provoquer et d’approximations historiographiques, autour de ladieu ou de la haine de la littérature, dosage certainement réussi de parole savante et de parole mondaine, qui séduit régulièrement éditeurs et médias. Au reste, c’est peut-être moins là le sacre de la médiocrité que la célébration sans peine de l’essayisme, ce discours frelaté, sans exigence, qui sévit aujourd’hui sur la littérature au nom de la littérature même.