Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 30 avril 2019

GENS DU NORD, GENS DU SUD

Dans la polyphonie concertée du voyage, la série du locuteur Blanc – celui du « Sud, profond » – qui décline la haine raciale et la nostalgie anti-abolitionniste, réanimant les divisions et rancoeurs anciennes du pays, sorte de white backlash : « Gens du Nord, c’est votre civilisation qu’ils menacent, ils ne laisseraient presque rien subsister de votre “american way of life” (p. 280) et plus loin encore : « Ils ne s’élèveront pas avec vous, mais contre vous, contre ce qui est maintenant, ce qu’est l’Amérique maintenant » (p. 281). Car la harangue anonyme se mesure à une autre Amérique en marche : celle du Civil Rights movement, dont les actions s’intensifient au tournant des années soixante.