Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 1 février 2019

VOLUBILITÉ

Au-delà de la légitimité à reconnaître que « l’étude critique des autres romanciers est incluse dans l’activité même qui consiste à écrire un roman » (Entretiens, t. I, p. 338), du mouvement qui rend à terme poreux le romanesque et le poétique dans une réciprocité continue avec l’essai (lui-même décanté à travers Montaigne, Essais sur les essais, 1968…), des saillances, trouvailles et autres formules empruntées ou inventées (les mots chez Roussel comme « accumulateurs d’imagination », p. 339, etc.), il y a quelque chose d’irritant dans cette volubilité et cette aisance réflexive, cette propension (moins voulue peut-être que stimulée) à expliquer, une parole seconde qui ne cesse de croître en volume jusqu’à occuper une part prépondérante dans l’œuvre, et apparaître finalement très concertée, où s’entend enfin le pédagogue avec ses réflexes trivialement didactiques. Il reste par sa simplicité même la saisie ou la prise – le travail de lucidité, qui sur bien des points soustrait l’œuvre à sa version années soixante soixante-dix (mathématiques, combinatoires, structures et signes).