Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 8 février 2019

DU TEMPS POUR SENTIR

Observation capitale à la suite d’un entretien de 1969, sur la relation que nourrit l’écrivain avec les autres arts, à la peinture plus particulièrement, l’acte de reconnaissance des œuvres nouvelles : « Il faut du temps pour sentir. On découvre peu à peu la valeur d’une œuvre ou d’un mouvement et cela est plus difficile pour quelqu’un qui croit savoir que pour celui qui sait qu’il ne sait pas encore. » (Entretiens. 1969-1978, t. II, éditions Joseph K, 1999, p. 17). Le geste esthésique, scopique en l’occurrence, inséparable du processus critique d’évaluation, l’activité du corps même replacée dans l’historicité du savoir/non-savoir ; corrélativement, l’inconnaissance comme critique de la culture et des catégories de la culture aussi.