Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 10 mai 2017

LE HAÏSSABLE SIMILI

Au rang des notions à redynamiser. Lanson encore, les belles pages qui concluent L’Art de la prose (La Table Ronde, 1996) sur le « faux art ». Aux « formules individuelles » le critique oppose le « haïssable simili » (p. 334). Pour l’écrivain, en contourner la tentation et s’exposer au risque du nouveau ; pour le lecteur, savoir le reconnaître ou apprendre à le reconnaître. Et il y a des admirateurs de simili comme il existe de séduisants phraseurs. Le simili entre dans la famille des « chromo » (p. 340), « pompier » (p. 342), « poncifs » et autres « tocs » (p. 343). Et cette observation importante qui en replace l’historicité : « beaucoup ne sont que d’hier et sont déjà vieillots » (id.) S'y ajoute bien entendu cette difficulté particulière de lire au présent le présent de la littérature.