Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 10 mai 2017

LA PHRASE À GRANDS PLIS


De l’écrivain au critique, la même expression – dont la récurrence pose la question de savoir évidemment s’il ne s’agit pas plutôt d’un lieu commun, traversant le temps. Ce qu’interdit pas d’en explorer la métaphorique, active. Car ni l’une ni l’autre n’ont exactement la même valeur. Victor Hugo, Littérature et philosophie mêlées : « la phrase à grands plis » du XVIIe siècle – allusion aux constructions périodiques, entre autres ; Gustave Lanson, L’Art de la prose : « la phrase à grands plis », celle dans laquelle se drape Chateaubriand, pour y refléter son moi et prendre la pose, bien sûr. L’épithète « grands » promeut l’éloquence et le registre élevé ; mais elle noue à la typologie rhétorique la catégorie classique de « grande manière » par opposition à la « manière maigre ».