Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 13 mai 2017

IL ARRIVE QUE

Il arrive que… Ce n’est pas toujours le cas. Quand est-ce qu’un concept échoue ? À quoi le mesure-t-on et le reconnaît-on ? Il existe des concepts sans lendemain, qui se stérilisent très rapidement, à peine nés. Tous ont la vie de leur(s) discours. Impossible cependant de négliger en eux la part affective. Par exemple, les petits concepts ont ceci d’attachant qu’ils risquent quelque chose. Ce sont peut-être les plus expérimentaux. Sans le savoir. D’allure un peu artiste, même. Fragiles sans être friables. À cause de leur propriété de tentative. Discrets, ils n’ont l’air de rien. Ils se tiennent sur le bord de la route. Ils n’entrent pas dans les machines du sens. Ils s’y invitent plutôt comme des parasites. Les gros concepts sont massifs, ils subsument tellement qu’ils perdent le sens du multiple. Les petits concepts poussent comme le brin d’herbe de Hugo entre deux pavés. Et puis, tout à coup, ils déplacent les lignes, y portant une cohérence inconnue, qui n’était pas programmée par la rationalité d’un système explicatif. En fait, ils déplient une cohérence dont ils ignoraient eux-mêmes qu’ils la portaient. Un petit concept n’est peut-être pas très lucide mais il possède la force de l’inaccompli. Aussi : il peut déroger à la rigueur la plus élémentaire : être trop labile, ductile, mouvant – ne pas donner prise à de la méthode. Être plus sauvage que cartésien. Un petit concept, ça s’imagine ou plutôt ça vient à soi. Ça arrive.