Canada’s Woke Nightmare : A Warning to the West (2023). Documentaire d’un journaliste britannique du Telegraph, rival du Guardian : de Vancouver à Montréal, un beau gloubi-bulga agrémenté d’entretiens avec Jordan Peterson. On y mélange la décriminalisation des drogues dures dans l’Ouest avec la gender ideology, Kamloops et le cas des residential schools, l’imputabilité étant sans cesse centrée sur le Premier Ministre et ses « radical reforms » (radical ? Fichtre !) sans prendre garde aux divers paliers décisionnels d’un État fédéral (municipalités, provinces). Non que je tienne le PMC, cet héritier fat, dans mon coeur, loin s’en faut. Mais les déclarations relèvent du sottisier habituel, et répondent aux niaiseries symétriques de la gauche woke : « we have become a totalitarian state ». On se demande comment il se fait que l’auteur d’une telle phrase peut aussi librement le dénoncer. Déjà-entendu. La séquence a cet intérêt néanmoins qu’outre les tensions qu’elle filtre, un esprit de division loin de l’imaginaire centriste traditionnellement associé au Canada, elle est révélatrice de la manière dont la droite est en train de se réveiller et du backlash en cours. Un point plus intéressant : l’hypothèse selon laquelle le Canada est le pays qui s’est positionné le plus à l’avant du « progressisme » woke, devant la Nouvelle-Zélande et l’Australie même. La version est en effet bien différente de celle des États-Unis. Au tableau manque la question du Québec bien sûr, mais le documentaire est construit du point de vue anglais et anglophone.