Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 28 août 2023

HISTORICITÉ DU VIVANT

    Achille Mmembe, La communauté terrestre. Lecture jouissive dans la continuité de la Critique de la raison nègre entre autres. Penser les nouvelles façons d’habiter la terre, poursuite de la réflexion sur l’en-commun, dans la perspective plus globale du vivant – des vivants, articulant les questions de justice socioéconomique et l’écologie des territoires. Il faudrait reprendre point par point. Trois zones de résistance, à déplier très certainement : l’ouverture par l’anthropologie africaine et les mythes dit quelque chose de la subsistance du religieux dans l’approche ; et une tendance à la poétisation de la nature qui fait l’économie d’une conceptualisation à certains lieux précis d’achoppement. La réflexion sur l’identité est constamment énoncée à partir des populismes de droite et des suprémacisme raciaux. Soit, mais la question de l’identité et de l’identitaire à gauche est presque passée sous silence, alors qu’elle est représentative des nouvelles polarités idéologiques qui encadrent de plus en plus le débat public. L’assimilation presque constamment négative de l’État, des nations, des peuples à de dangereuses territorialisations-essentialisations, à l’opposé de l’en-commun ou de la communauté terrestre (les paramètres écologiques étant plus spontanément globaux). Le peuple n’est pas à tous les coups le Volk hitlérien ou la version anglosaxonne ultra-blanche du KKK. Vision malgré tout réductrice alors que passée l’euphorie néolibérale depuis 2008 ne cesse de s’entendre précisément un besoin collectif d’État. Et n’étaient les ambiguïtés autoritaires, comme les intérêts entre la santé, le capital et l’État, notamment pour ce qui regarde l’industrie pharmaceutique, la crise sanitaire de 2019-2021 a remis au premier plan le rôle décisionnaire et décisif des gouvernements, avec la question ouverte du bien public. Et pour finir, l’économie majeure dans l’axe du vivant demeure le langage, et les langues, comment penser l’en-commun en dehors de cette condition-là, et corrélativement des rapports langue(s) – culture(s) – peuple(s) – nation(s) ? Si elle remonte au moins à Humboldt, Herder et cie, une telle question appartient à tout sauf au passé. L’historicité du vivant – autrement.