Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 28 août 2023

CENTRE ET CONSENSUS

    Dans le livre-projet, partir de ce lieu commun du débat à propos du débat, qu’il est nécessairement polarisé, la question des dissensions, des déchirures (Alex Gagnon au Québec ; voir la position conciliatrice de Haidt et Lukianoff, obsédés par les divisions de la société états-unienne), les guerres culturelles (importées ici, et explicitement convoquées par le courant conservateur, Rioux, Beauregard) et ce qui leur est opposé par certains, l’utopie du centre voire de l’extrême-centre (Buzzetti), sans parler même des fantasmes de consensus. Une certaine idée de la démocratie. Une inquiétude aussi sur létat de la conversation démocratique, la qualité critique du débat. N.B. Il serait intéressant à ce titre, et à presque 25 ans d’écart, de reprendre point par point la typologie de Culture Wars : nombre d’arguments similaires sur l’intolérance, les tactiques des deux camps, la diabolisation de l’ennemi (aujourd’hui, c’est mieux on a même les schmittiens de gauche), les stratégies rhétoriques, la difficulté à poser des nuances. Hunter parle d’une « grammaire » du discours public, dont il n’oublie pas de rappeler – ce qui me paraît essentiel – qu’il est produit, contrôlé et manipulé par les élites avant tout. Observer dans le détail aussi les paroles militantes d’universitaires, étudiants, juristes, architectes, politiciens, etc. à ce sujet – comment dans la trame du texte ça se construit. Encore il y a deux jours, Tamara Thermitus sur MLK, empilages d’amalgames, arguments désitués et déshistoriciés. Des comme cela, on en lit chaque jour à la pelle, prévisibles et programmatiques, mais ce serait intéressant d’examiner au plus près les procédés.