Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 13 août 2023

TOURNER LES PAGES

     Dans la brise de fin d’été venue du fleuve, près de l’hibiscus couleur humble écarlate, à l’abri du soleil, sorte d’instant privilégié à l’avant des dégâts diluviens qui scandent désormais l’ordinaire du temps, le bonheur des lectures tuilées se conjugue au goût de la lenteur, du laisser-faire presque, tellement contre-nature dans mon cas : tourner les pages par esprit de résistance au précipité social du travail et de ses ritualités à venir. Dilater le calendrier. Merveille par exemple du Journal de Marie Uguay, hymne à la vie mesuré à la maladie comme à limminence de mourir, aux violences médicales de la mutilation. Écrire : créer des intensités. L’exemple même.