Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 27 juin 2022

LA PRIVATISATION DE LA CENSURE

      Sur les trois étages de la censure évoqués il y a quelques jours. Celui des groupes de pression, sous sa forme activiste ou non, ce que Monique Canto-Sperber appelle « la privatisation de la censure » (entretien France-Culture, 23.04.2021), celle qui consiste à défendre intérêts et sensibilités en faisant taire les autres et toutes les formes possibles de désaccords. C’est celui qui fait l’objet de plus de dénis à gauche, il me semble, le lieu commun alors invoqué étant celui des rapports entre censure et pouvoir, censure et État, argument incontestable mais qui permet de passer sous silence ou de dissimuler habilement d’autres mécanismes à l’œuvre. En regard jouent la parole libérée, et la levée des tabous, un ressort particulièrement exploité à droite, s’il le faut en ouvrant les vannes de la haine.